Faute d'Amour, Andrey Zvyagintsev | ★★★★☆


On n'a pas l'habitude de voir au cinéma des film aussi cruels que ce Faute d'Amour, et c'est bien ça qui fait sa force. Car tout est ici dans la simplicité, l'évidence, la normalité. Tout en apparence reflète une vie commune et banale telle qu'on la partage probablement d'un bout à l'autre du continent européen. Une famille, un appartement douillet, un enfant... et un divorce.

Sauf que sous ces apparence, un vide. Abyssal. Douloureux. Révélé par la scène la plus poignante et la plus magistrale du film, celle de cet enfant planqué derrière une porte à l'insu de ses parents et qui entend des mots tranchants, qui ne lui sont pas destinés. On découvre alors avec l'enfant l'ampleur de ce vide, cette absence d'amour, dans toute la cruauté dont peuvent faire preuve des couples qui se déchirent.

Le film heurte par la simplicité qu'il dégage. Sa façon de présenter ces personnages qui errent seuls les uns à côté des autres sans aucun lien pour les unir, comme expression parfaitement banale d'une société dans laquelle on se reconnaît tous, nous montre des gens normaux, comme nous.
Est-ce alors un miroir que Zvyagintsev nous tend ? Ou une mise en garde plutôt ?

Une fois l'inconfort établi, une fois l'attention du spectateur captée, impossible de détacher ses yeux de l'écran et Zvyagintsev enfonce son clou. Dans une mise en scène aussi froide que son sujet, il nous invite à contempler ce qui nous attend, dans un monde centré sur soi et dépourvu de ce qui fait de nous des humain : notre humanité.

Glaçant jusqu'à la dernière seconde, Faute d'amour est un vrai électrochoc qui pousse à l'introspection et nous rappelle que rester humain n'est pas un acquis : c'est à nous qu'il revient de lutter contre ce rejet de l'autre qui caractérise le manque d'empathie...

★★★★☆

Faute d'Amour (Nelyubov), Andrey Zvyagintsev (sortie le 20 septembre 2017)
Avec Maryana Spivak, Alexey Rozin, Matvey Novikov - Russie - 2h08

Synopsis
Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

Une cinéphile

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