Wonderwoman, Patty Jenkins | ★★☆☆☆


J'ai un sentiment très mitigé sur ce film, j'ai l'impression qu'il a un peu le cul entre deux chaises et que sa réalisatrice ou les scénaristes ont dû gérer des tonnes de bâtons dans leurs roues. Le film donne clairement l'impression que les studios ont eu peur du potentiel féministe du film, qui est clairement mis en avant dans la promo et se sont employés à en contrer tous les effets pour ne pas être étiqueté en ce sens et éviter de froisser le public mâle-hétéro-adolescent traditionnel de ce format.
Sauf que d'un autre côté, cette étiquette leur convient bien puisqu'elle fait largement parler du film ( notamment "grâce" à son interdiction das certains pays rétrogrades), et qu'ils ne pouvaient pas non plus en gommer complètement les effets...

Donc on a d'un côté un personnage surhumain, fille d'un dieu et d'une reine s'il vous plait, très érudite, formée à l'art de la guerre et dotée de pouvoir surnaturels. Ce personnage devrait plus ou moins faire autorité auprès des humains lambda et susciter l'admiration. Or le film joue à fond sur l'argument de l'époque (l'intrigue se situe pendant la guerre - laquelle on ne sait pas trop puisqu'on nous parle à la fois de tranchées et de nazis, mais passons... -) pour rabaisser le personnage et la faire taire, sauf que le sexisme de l'époque n'est jamais présenté par le film comme condamnable mais plutôt comme un ressort comique assez malaisant.
Dans le même registre, l'effet "poisson hors du bocal" où un personnage est extrait de son milieu et plongé dans un autre, est utilisé à des fins humoristiques mais a surtout pour conséquence de faire passer Diana pour une demeurée. Ce ressort était utilisé également dans le premier Thor, mais lorsque Thor passait pour l'idiot du village, il avait perdu ses pouvoirs et il a gagné le respect dès la seconde où il les a retrouvés, ce qui n'est pas le cas de Diana, puisqu'elle n'avait jamais perdu les siens...

En revanche, le personnage de Wonderwoman est particulièrement attachant et ses scènes de combat sont vraiment euphorisantes ! On sort du film avec la banane et l'envie de démolir le premier malandrin qui croisera notre chemin, une sensation qui fait diablement du bien !

Mais du coup, comme si ces débats avaient occupé l'équipe trop longtemps, plusieurs aspects du film sont carrément négligés et on a l'impression que ça a été fini à la va-vite. Certaines scènes de baston sont vraiment dégueulasses au niveau du rendu. Il y a des effets ridicules et des erreurs de raccord grossières (le must : lors de son combat final, elle tue un ennemi mais laisse son épée dans le corps et lorsque arrive Arès il y a une espèce d'ellipse pour qu'elle la récupère, comme si l'équipe CGI ou le monteur avait oublié de lui remettre l'épée en main à temps. Franchement ça saute tellement aux yeux que c'est douloureux).

Je n'ai que peu de souvenirs de films dotés d'un budget aussi conséquent qui donnent l'impression d'être aussi mal finis, et pourtant ce premier volet des aventures de Wonderwoman dégage un franche impression de sympathie qui compense bizarrement la plupart de ses nombreux défauts. La raison tient certainement à l'actrice, Gal Gadot incarne son personnage de façon si sincèrement attachante qu'elle parvient à détourner l'attention du spectateur de tous les éléments qui clochent. Exploit !
★★☆☆☆

Wonderwoman, Patty Jenkins (sortie le 7 juin 2017)
Avec Gal Gadot, Chris Pine, Connie Nielsen, Robin Wright, David Thewlis, Saïd Taghmaoui, Eugene Brave Rock, Ewen Bremmer - USA - 2h21

Synopsis
C'était avant qu'elle ne devienne Wonder Woman, à l'époque où elle était encore Diana, princesse des Amazones et combattante invincible. Un jour, un pilote américain s'écrase sur l'île paradisiaque où elle vit, à l'abri des fracas du monde. Lorsqu'il lui raconte qu'une guerre terrible fait rage à l'autre bout de la planète, Diana quitte son havre de paix, convaincue qu'elle doit enrayer la menace. En s'alliant aux hommes dans un combat destiné à mettre fin à la guerre, Diana découvrira toute l'étendue de ses pouvoirs… et son véritable destin. 

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Une cinéphile

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