L'Amant Double, François Ozon (2017)


Le film le plus surcoté de la sélection cannoise de cette année ne s'est pas fait attendre, il est sorti en salles au lendemain de sa projection sur la croisette : il s'agit du dernier Ozon, qui nous livre une espèce de film sans âme qui se veut glaçant mais qui s'avère juste pompeux.

Réalisateur inégal, François Ozon consacre depuis des années son œuvre aux faux-semblants et aux détours que prend la perversion humaine pour s'exprimer. Parfois simplets (Ricky) parfois pervers (Jeune et Jolie) parfois très réussis (Sous le sable, Une nouvelle amie) mais toujours malsains, ses films sont autant de facettes d'une perversité qui couve sous le vernis de chacun de ses personnages.

Dans ce contexte, il est assez étonnant qu'il ne se soit pas penché plus tôt sur le film "Faux semblants" justement, réalisé par Cronenberg dans les années 80... Avec L'Amant Double, il a choisi de revisiter ce thème en s'inspirant non pas du film de Cronenberg mais du livre qui en est à l'origine et dont il propose ici une nouvelle adaptation.

Le thème lui sied parfaitement et collait de surcroit tellement bien à sa façon froide et éthérée de filmer, qu'on s'attendait à un vrai chef d’œuvre, un thriller érotico-horrifique qui aurait secoué un peu le cinéma français d'ordinaire plutôt frileux dans ce registre. Hélas. Ozon se perd complètement et finit par se regarder filmer plutôt que de proposer sa propre conception de ce jeu de séduction trouble et sensuel. Son film finit par empiler les poncifs et se contentera de jouer les provocations sans fondement (la scène d'ouverture, plongée littérale dans un vagin est à l'image du film : faussement provocatrice), tout en négligeant la narration. Il parvient ainsi à éventer complètement sa grande révélation qu'on aura vue venir depuis plus d'1h et qu'on n'en finissait plus d'attendre avec un ennui indécent, pour filmer à la place une ribambelle de scènes de viol plus ou moins caractérisé, sans autre prétention que de choquer le chaland cannois.

Il en faut hélas plus que ça pour remuer vraiment l'âme et ce film, qui avait pourtant beaucoup d'atouts, notamment une photographie sublime et des acteurs troublants, s'avère un ratage complet.

★★☆☆☆

L'Amant double, François Ozon (sortie le 26 mai 2017)
Avec Marine Vacth, Jérémie Renier, Jacqueline Bisset - France - 1h47

Synopsis
Chloé, est en pleine dépression, entreprend une psychothérapie. Elle tombe rapidement amoureuse de son psychiatre, Paul. Ses sentiments sont partagés et la jeune femme paraît enfin épanouie. Quelques mois plus tard, le couple décide de s'installer dans un appartement commun. Chloé découvre alors que Paul lui a caché une partie de son identité.

Une cinéphile

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