Des petits bouts d'éternité

Partout Ailleurs est un premier film dont la finesse et l'humour impressionnent. Ester Amrami parle avec beaucoup de subtilité de thèmes personnels et universels, qui vont bien au-delà des difficultés de communication au sein d'un couple bi-nationalités. Elle parle de "chez-soi" (Heimat, l'un de ces mots intraduisibles qui sont l'objet du mémoire de Noa), de ce que l'on laisse derrière soi, de ce que l'on peut ou non retrouver, et de ce qui fait qu'on est chez soi.

En retournant en Israël, Noa réalise que si ses racines sont bien là, son chemin a pris un cours différent et qu'il sera bien compliqué de revenir en arrière. Elle n'est plus tout à fait celle qui est partie, au grand dam de sa mère et comme en témoignent les conflits permanents avec sa soeur, qui incarne ce qu'aurait pu être sa vie si elle était restée.

Mais au-delà d'un pays, d'une ville ou d'un lieu géographique, Ester Amrami part à la recherche de ce qui pourrait définir ce Heimat. Est-ce que ce pourrait être l'endroit où sont les gens qu'on aime ? Une culture ? Une langue ? Comme en témoigne ce dictionnaire des mots intraduisibles compilé par Noa et dont les références rythment le film. Une idée formidable que de dictionnaire, qui montre l'importance de la langue dans la construction de soi. Le film est par ailleurs beaucoup centré sur le langage et la communication, créant des situations d'incompréhension qu'il déjoue avec un humour cocasse.

On rit beaucoup devant Partout Ailleurs, on pleure un peu aussi devant la fatalité des pages qui se tournent. Et on en sort la tête pleine de questionnements, d'envie d'ailleurs et d'ancrage tout à la fois !

Un très beau film, mon premier coup de coeur du festival Augenblick !